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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 14:28



        Comme je me suis retrouvé plusieurs jours sans éléctricité en raison de la tempête, j'ai profité des longues soirées à côté de la cheminée pour refaire de la teinture: voici quelques uns des résultats:
de gauche à droite: bois de brésil (2), Gaude, Indigo, Garance, Gaude, écorce de bourdaine, Gaude, écorce de bourdaine...

       J'ai réalisé aussi quelques autres teintures qui passeront ensuite dans la cuve de bleu pour fixer les couleurs et les foncer vers des violets:



De gauche à droite: deux écheveaux teints dans un bain d'épuisement de garance, un teint au bois de brésil, et les quatre derniers (2 clairs en 2eme bain, deux foncés en 1er bain) dans un bain de baies noires cueillies cet été et mises à fermenter (recette mentionnée par Pline, utilisées comme source de pourpre par les Gaulois).





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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 18:17


 

        Il s'agit de la reproduction de la ceinture de dominicain conservé au musée national du Moyen Age à l'hôtel de Cluny à Paris. L'original date du XVe siècle, et comme la reproduction, est tissé en laine peignée S2Z à l'aide de plaquettes à deux trous. Elle mesure deux centimètres de large.


 

L'original est visible ici:http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=105&FP=7185026&E=2K1KTS6WKL9NP&SID=2K1KTS6WKL9NP&New=T&Pic=67&SubE=2C6NU041OJCU  

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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 17:22
        Voici quelques images d'une commande en cours de réalisation pour un musée. Il s'agit d'un galon de 4,5 cm de large et devant mesurer 3,44 m de long. Il servira à orner le manteau d'un mannequin présentant le costume féminin mérovingien, tel que nous sommes capables actuellement de le reconstituer.


        Le galon est ici tissé avec de la laine peignée au moyen de la technique du tissage aux plaquettes. Il y a 36 plaquettes dans lesquelles sont disposées 4 fils soit au total 144 fils. Les plaquettes sont organisées par blocs de deux pour les bordures et par 8 groupes de 4 pour les motifs. Les motifs s'inspirent d'entrelacs et de dessins ornant des céramiques ou des pièces d'orfévrerie de l'époque. Le galon est tricolore: le rouge provient des racines de garance (Rubia tinctoria), le jaune de rameaux de gaude (Reseda luteola) et le bleu de pastel (Isatis tinctoria). Les trois couleurs sont attestées à l'époque mérovingienne et utilisées conjointement dans le plus célébre reste de galon aux cartons (le galon retrouvé dans le reliquaire de la reine Bathilde à Chelles et conservé aujourd'hui au musée A. Bonno à Chelles).


        Il ne s'agit donc pas ici d'une reconstitution à l'identique d'une pièce archéologique mais d'une évocation de ce qui pouvait être fait alors...




   

        Ici, une photographie pour montrer l'installation sur le métier avec à gauche la partie tissée qu'on enroule au fur et à mesure du travail; au milieu dans la foule, le sabre de tissage qui sert à tasser la trame (fil rouge enroulé sur la poignée du sabre) et à droite la chaîne formée des 144 fils tendus et passant dans les cartons ou plaquettes. Pour changer la couleur en focntion du motif, on tourne les plaquettes sur leur tranche. Les différentes couleurs de plaquettes me servent en cours de tissage pour repérer quelles plaquettes je dois tourner et dans quel sens (vers l'avant, vers l'arrière...)



Les motifs réalisés à ce jour



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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 17:12
Je profite des vacances scolaires pour avancer un peu au niveau de certains projets:

tout d'abord me remettre à la teinture; depuis plusieurs jours, la cuisine ressemble à l'antre d"un alchimiste...garance, brésil, indigo, noix de galles...je n'arrête pas...un peti aperçu avec ces deux écheveaux teints au brou de noix sans mordançage...Ils sèchent sur le noyer qui m'a donné à l'automne tant de brous de noix que je m'étais empressé de les mettre à fermenter dans un bidon avec de l'eau de pluie et voilà la couleur qu'ils ont rendu...Certes, les écheveaux sont un peu "bringués" mais c'est le risque avec une teinture sans mordants (et sans tartre...). A noter que la teinture au brou de noix est une des rares teintures substantives (qui ne necessite pas de mordançage) et j'ai en plus remarqué que les écheveaux foncent au cours du séchage, notamment si on les met à la lumière du soleil..Toutes les autres teintures naturelles sont à sécher à l'ombre; pour celle-ci l'inverse semble être recommandé: encore un petit "truc" de métier qui était tombé dans les oubliettes de l'histoire...

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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 16:25


 

Aujourd'hui, l'image de fileuse provient de la couverture du psautier de Charles le Chauve écrit avant 869 (B.N.F. ms lat 1152). Réalisée en ivoire, elle présente dans une des scènes, sous un édicule, une femme qui tient un panier et un fil entre ses deux mains. Au bout du fil, on reconnaît un fuseau allongé; la fusaïole n'est pas visible. La femme semble travailler en suspension libre et le fil sortir du panier: Une interprétation possible est que cette femme est en train de réaliser un retors: deux pelotes de fil simple sont installées dans le panier et elle tord grâce au fuseau les deux fils ensemble. Une autre hypothèse est que le panier contient le ruban de laine à filer et remplace une quenouille...On notera enfin que cette scène est une très bonne source d'information sur le costume féminin et masculin à l'époque carolingienne...

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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 14:48

        Voici ma recette pour teindre en rouge. Pour obtenir une couleur rouge solide qui résiste à la machine, le plus simple est d'utiliser de la racine de garance (Rubia tinctoria ou à défaut l'espèce sauvage: Rubia peregrina): pas d'inquiétude, on peut l'acheter en poudre chez okhrâ (usine Mathieu, Roussillon, facilement trouvable sur un moteur de recherche et vente en ligne), ou bien sous forme de racines chez Sennelier (7 quai Voltaire à Paris): il faut compter environ 15 euros le kilo. qui permet de teindre entre 500 g et 1 kg de laine. La version sauvage (garance voyageuse) peut se récolter dans le Sud de la France et notamment au pied des ceps de vigne car elle résiste même aux desherbants modernes...Reste que l'arrachage des racines qui contiennent les colorants est long et fastidieux...J'avoue cependant préferer le coloris "sauvage" un peu plus rosé que la version cultivée par l'homme.

Voici la recette: tu laves déjà plusieurs fois dans ta baignoire ta laine avec du savon de Marseille (on le trouve en paillettes, toutes prêtes dans les supermarchés...) et de l'eau tiède, afin d'enlever le suint restant de la laine ou les apprêts industriels du tissu.

Tu rinces bien et tu fais sécher. Tu pèses le tissu que tu veux teindre (plus le tissu est grand, plus le risque de marbrure sur la teinture est important, si le tissu est déjà taillé pour la couture, il y a un risque de retrecissement et se retrouver à aller aux fraises...et il faut choisir entre les 2...pas facile...).

Ensuite, il faut préparer le tissu à recevoir la teinture: c'est le mordançage:Il faut deux produits: l'alun (qui ouvre les écailles de la laine) et le tartre (qui permet une meilleure répartition du colorant sur les fibres)

Dans une grande marmite qui peut aller sur le feu (une vieille lessiveuse en fer blanc à la maison fait très bien l'affaire),
tu mets de l'eau tiède (25°) et 20% du poids de tissu à teindre en alun (Si ton tissu fait 1 kg il te faut 200 g d'alun):tu l'achètes en pharmacie sous forme de petits cristaux blancs que tu laisse dissoudre dans l'eau ou bien dans les magasins orientaux sous forme de gros cristaux translucides (la forme des cristaux naturels est meilleure que la poudre des pharmacies qui est un alun de synthèse, agressif pour la laine car avec un pH trop acide)

Tu dissouds ensuite dans l'eau 6% de tartre: là, c'est un peu plus dur à trouver: soit tu as un ami vigneron qui t'aura gardé le tartre qu'il a gratté sur les parois de ses cuves de fermentation (cristaux beige-rosé ressemblant à de la cassonade gumeleuse), soit tu achètes de l'acide tartrique en pharmacie ou en droguerie..

Une fois ces deux produits bien dissous, tu plonges ton tissu de laine dans la marmite et tu commences à chauffer (si le tissu est mouillé avant, c'est mieux)...Tu laisses chauffer jusqu'à la quasi-ébullition en retournant sans cesse (si le tissu est grand, bon courage, c'est lourd la laine gorgée d'eau brûlante...). Tu laisses ensuite refroidir (surtout ne pas le sortir du bain, cela va feutrer...).

Voilà la moitié du travail fait et ton tissu est toujours blanc, mais il est enfin prêt à recevoir la teinture...

Pour teindre à la garance, il vaut mieux de la poudre de racine. Pour obtenir le célèbre rouge garance, je conseille de prendre de 120 à 150 % du poids de tissu en poudre: 1 kg de tissu necessite au moins 1,2 kg de garance (cela dépend de la qualité de la marchandise...). La poudre doit tremper plusieurs heures avant d'être utilisée dans un seau rempli d'eau froide pour "gonfler"...

Le lendemain du mordançage, la marmite est froide: tu peux la vider et essorer grossièrement le tissu. Tu remplis à nouveau avec de l'eau tiède et tu mélanges ta poudre de garance qui "gonflait" dans un seau: ensuite tu immerges dedans ton tissu mordancé.

Ensuite commence la cuisson de la teinture: trois choses à respecter pour être sûr de la réussite:
1)Il faut une eau calcaire (au besoin, raper de la craie ou des os de seiche au dessus de l'eau pour la rendre plus calcaire)
2)Il faut chauffer doucement le bain mais surtout qu'il ne refroidisse pas (le processus de teinture s'arrêterait et tu perdrais le pouvoir colorant de la garance..., ce qui est rageant après tant d'efforts)Pour cela, à la maison, vive le thermomètre du stérilisateur de conserves surveillé du coin de l'oeil...
3)Il ne faut pas bouillir car sinon on vire à un orangé brunâtre: une température maintenue à 80° est suffisante..
le temps de chauffe dépend du feu...il faut surveiller la couleur en essorant une partie du tissu brûlant et en pensant que la couleur vue est toujours plus foncée que le résultat final...

Dernières étapes (ouf!!): laisser refroidir le tissu dans le bain. Là, il est possible de le refaire chauffer à nouveau dans un bain additionné de son de blé: ce deuxième bain, pouvant cette fois ci aller jusqu'à l'ébullition avive la couleur et rend le rouge plus lumineux et moins orangé. Laisser à nouveau refroidir...
rincer très longuement à l'eau (le mieux, une rivière....), faire sécher à l'ombre en évitant de l'essorer (le presser permet de moins le déformer, si on a du temps, le laisser goutter...)

On obtient le fameux rouge mat de la garance, mais avec d'autres étapes finales on peut avoir d'autres couleurs:

--un peu plus rosé: en le sortant de l'eau à 80° (une fois le degré de couleur obtenue) et en le passant dans une autre marmite remplie d'eau dans laquelle il y a un peu de paillettes de savon de Marseille (cette eau doit être aux environs des 80° pour éviter le feutrage). On chauffe cette 2eme gamelle et l'ébullition (cette fois-ci) élimine des colorants fragiles: on rince une fois refroidi: la couleur est plus rosée (c'est le fameux "pied de garance"). De façon générale, un bain d'eau savonneuse est idéal sur une teinture de garance avant le cycle de rinçage. Je l'effectue en général après le bain d'avivage au son de blé.

--cette couleur permet en passant le tissu dans une cuve de bleu (au pastel, très compliqué...) d'obtenir un magnifique violet (le rouge garance de la recette 1 dans une cuve de bleu donne un marron foncé, proche du noir, qui correspond aux draps "brunette" si chers au bas Moyen Age). Le mieux est tout de même de faire l'inverse: un pied de bleu puis teinture à la garance (ce sont d'ailleurs les recommandations techniques dans la plupart des villes médiévales pour obtenir la brunette).

--en faisant la même chose avec du sulfate de cuivre, on tire vers un rouge violacé ou brunâtre

--en faisant la même chose avec du sulfate de fer, on va vers le grenat foncé ou le marron foncé...ces deux recettes sont à éviter, la laine supporte mal ces 2 produits corrosifs..

le bain de garance utilisé peut être à nouveau réutilisé: on obtiendra des tons plus pâles allant jusqu'au rose saumoné ou le pêche...Voilà ma recette, cela peut paraître long, fastidieux, voire pénible mais le rouge garance est sans doute une des plus belles couleurs qu'un teinturier puisse réaliser...et c'est aussi une des plus solides...

        Il y a avec la garance des tas de combinaisons à essayer: on peut faire plusieurs bains avec d'autres produits donnant du rouge pour obtenir des couleurs variées: cochenille, bois de brésil, lichens ...Au Maroc, on rajoute du henné et du brou de noix...Enfin la même recette est valable avec d'autres racines de plantes de la famille de la Garance: les Rubiacées. Au Moyen Age, ou aux époques antérieures, on a pu se servir de racines d'aspérule des teinturiers (Asperula tinctoria), d'aspérule odorante (Galium odoratum), de gaillet ou caille-lait jaune et blanc (Galium verum ou Galium mollugo), de gaillet des forêts (Galium sylvaticum) ou de gaillet du Nord (Galium boreale). Chacune de ces variétés, si elle contient des colorants rouges dans ces racines, ne donnent tout de même pas le même rouge que la garance cultivée.  Il faut en plus savoir que les racines de ces différentes plantes sont beaucoup plus petites que celles de la garance cultivée et que leur arrachage en milieu sauvage est pénible mais parfois aussi sujet à discussion: certaines plantes sont rares et il serait stupide de les menacer encore plus, juste pour le plaisir des yeux : c'était le cas en Ecosse où l'arrachage intensif des gaillets pour le rouge des tartans a failli faire disparaître ces plantes et a abîmé les sols à cause de l'érosion!...



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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 22:17
A la suite de la découverte du filage au Haut Moyen Age, voici un détail du dossier en ivoire de la cathèdre en ivoire de l'évêque de Ravenne Maximien sculpté avant 556 ap. J.-C.



La Vierge assise sur un siège en osier tient dans sa main gauche deux fuseaux. En effet, une tradition apocryphe d'origine orientale voulait que la Vierge était en train de se consacrer à la confection du rideau du Temple au moment de l'Annonciation; c'est pourquoi elle est souvent représentée en train de filer ou de tisser. Ces gestes textiles font également référence au code iconographique de la vie active opposée à la vie oisive et rappelle la "condition" féminine depuis qu'Eve et Adam ont été chassés du jardin d'Eden. La vierge, nouvelle Eve, reprend l' activité féminine par excellence en Europe médiévale: la fabrication du fil comme la femme fabrique le fil de la vie...

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 22:08



        Cette miniature byzantine est extraite du livre de la Genèse, conservé à la bibliothèque de Vienne en Autriche. Cette scène peinte au VIe siècle montre le récit de Joseph s'enfuyant de chez Putiphar à cause des sollicitations de sa femme. Cette intrusion dans la partie de la maison reservée aux femmes permet à l'artiste de représenter une scène de filage (et non d'observation des étoiles comme mentionné dans certains ouvrages spécialisés...).


        On reconnaît, comme à l'époque romaine, l'utilisation d'une quenouille à manche court et d'un fuseau (à fusaïole haute, alors que dans le monde romain occidental, l'habitude semble plutôt de placer la fusaïole en position basse). La scène du registre inférieur permet de voir le stade de préparation de la laine: la femme en bleu frotte entre ses mains la laine peignée pour former une longue méche à filer; la femme en blanc, à droite, semble filer de façon fine, avec la pointe du fuseau posé sur le fond d'un bol et éviter de filer en suspension libre afin que le fil fragile ne casse sous le poids du fuseau; elle aussi utilise une quenouille à manche court tenu dans la main gauche.

 

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 22:03



Une grand-mère lorraine en train de filer au fuseau et à la quenouille, avant la guerre de 1914-1918. La fibre semble être du lin ou du chanvre. La quenouille semble simplement maintenue du bras gauche ou passée dans une ceinture comme c'est le cas depuis le XIIIe siècle. On remarquera l'absence apparente de fusaïole. (original conservé dans les collections du musée archéologique de Sarrebourg, Donation G. L'hôte)

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 21:59



relief mésopotamien: la femme file au fuseau avec fusaïole haute. Elle semble filer en Z car c'est la main droite qui lance la rotation du fuseau.

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