5 mars 2009
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Je place ici quelques réflexions pour tous ceux qui se demandent, en voyant les magnifiques soieries conservées dans les trésors écclésiastiques ou les musées, si on ne trouvait en Europe au Moyen Age que des tissus en soie façonnés et hésitent à utiliser du taffetas ou du satin pour reconstituer un costume:
Pour ce qui est de la soie unie au Moyen Age, il suffit de regarder les ornements liturgiques: les broderies sont effectuées sur des tissus de soie "simples" qui sont souvent des taffetas (armure toile) comme le suaire de St Lazare d'Autun...en tout cas, à Metz, on a retrouvé des restes textiles dans des tombes écclesiastiques dans les années 1914 puis 1970...évidemment rien n'a été fait pour sauvegarder les artefacts qui se sont...désintégrés mais encore aujourd'hui, on présente dans la crypte de la cathédrale (trésor) des restes de mitre de l'évêque Bertram (1179-1212) et il s'agit d'un tafettas uni de soie jaune...les chaussons sont aussi ahurissants (mais c'est un autre sujet...) , les autres exs. ne manquent pas entre les mitres peintes de Notre Dame de Paris (taffetas écru) ou le parement de Narbonne conservé au Louvre (grisaille à l'encre sur taffetas de soie écru)
je crois que la meilleure référence sur la soie au Moyen Age reste:
"soieries médiévales", techniques et culture, N°34, juillet-décembre 1999,Editions de la maison des sciences de l'homme, Paris, 205 p.
de très nombreux articles de D. Cardon, S. Desrosiers, D. King, D. De Jonghe, W. Nowik, W. Endrei...(bref, les plus grands textilologues, quoi...)
Il y a dedans un article très intéressant de Frédérique LACHAUD sur "les soieries importés en Angleterre"...Elle y présente les différentes classificatons comptables des soieries dans les comptes royaux et épiscopaux et décode pour nous le terme de "cendal"sans doute tiré du grec "sindon" (p.187) et qui semble désigner: une soierie légère d'un coût relativement abordable et de loin la plus répandue.
Apparemment le fil en est assez épais, surtout à partir de la seconde moitié du XIIIe s. Teints de couleur vive, et qui tranche avec le lin, le cendal est utilisé pour des coussins, des vêtements liturgiques entiers (tiens, comme la dalmatique de Pierre de Courpalay mort en 1334 et retrouvée intacte dans sa tombe en 1799 entièrement bâtie en taffetas aujourd'hui marron, musée national du Moyen Age), des bordures de vêtements (la dalmatique est encore galonnée d'un biais en taffetas aujourd'hui jaune) et surtout comme doublure (vêtements de cour doublés l'été dans cette matière), pour les cottes d'armes et les bannières...
Justement les fouilles de Londres ont livré un grand nombre de soieries unies et taffetas (cf Textiles and Clothing, 1150-1450, "Silk textiles/Tabby-woven cloths" p. 89 à 98 ou les belles planches couleurs 14 (taffetas rouge teint à la garance, taffetas mauve pâle avec bande en sergé 1/3 jaune doré du XIVe s...), bordure d'un vêtement en laine rouge teinte au kermès ornée d'un biais en taffetas de soie (planche 2)).
Quand aux adeptes de la soie en reconss'...pensez au satin de soie comme celui du XIVe de Londres de couleur rose (n° 348, planche 16)...
Pour ce qui est de la soie unie au Moyen Age, il suffit de regarder les ornements liturgiques: les broderies sont effectuées sur des tissus de soie "simples" qui sont souvent des taffetas (armure toile) comme le suaire de St Lazare d'Autun...en tout cas, à Metz, on a retrouvé des restes textiles dans des tombes écclesiastiques dans les années 1914 puis 1970...évidemment rien n'a été fait pour sauvegarder les artefacts qui se sont...désintégrés mais encore aujourd'hui, on présente dans la crypte de la cathédrale (trésor) des restes de mitre de l'évêque Bertram (1179-1212) et il s'agit d'un tafettas uni de soie jaune...les chaussons sont aussi ahurissants (mais c'est un autre sujet...) , les autres exs. ne manquent pas entre les mitres peintes de Notre Dame de Paris (taffetas écru) ou le parement de Narbonne conservé au Louvre (grisaille à l'encre sur taffetas de soie écru)
je crois que la meilleure référence sur la soie au Moyen Age reste:
"soieries médiévales", techniques et culture, N°34, juillet-décembre 1999,Editions de la maison des sciences de l'homme, Paris, 205 p.
de très nombreux articles de D. Cardon, S. Desrosiers, D. King, D. De Jonghe, W. Nowik, W. Endrei...(bref, les plus grands textilologues, quoi...)
Il y a dedans un article très intéressant de Frédérique LACHAUD sur "les soieries importés en Angleterre"...Elle y présente les différentes classificatons comptables des soieries dans les comptes royaux et épiscopaux et décode pour nous le terme de "cendal"sans doute tiré du grec "sindon" (p.187) et qui semble désigner: une soierie légère d'un coût relativement abordable et de loin la plus répandue.
Apparemment le fil en est assez épais, surtout à partir de la seconde moitié du XIIIe s. Teints de couleur vive, et qui tranche avec le lin, le cendal est utilisé pour des coussins, des vêtements liturgiques entiers (tiens, comme la dalmatique de Pierre de Courpalay mort en 1334 et retrouvée intacte dans sa tombe en 1799 entièrement bâtie en taffetas aujourd'hui marron, musée national du Moyen Age), des bordures de vêtements (la dalmatique est encore galonnée d'un biais en taffetas aujourd'hui jaune) et surtout comme doublure (vêtements de cour doublés l'été dans cette matière), pour les cottes d'armes et les bannières...
Justement les fouilles de Londres ont livré un grand nombre de soieries unies et taffetas (cf Textiles and Clothing, 1150-1450, "Silk textiles/Tabby-woven cloths" p. 89 à 98 ou les belles planches couleurs 14 (taffetas rouge teint à la garance, taffetas mauve pâle avec bande en sergé 1/3 jaune doré du XIVe s...), bordure d'un vêtement en laine rouge teinte au kermès ornée d'un biais en taffetas de soie (planche 2)).
Quand aux adeptes de la soie en reconss'...pensez au satin de soie comme celui du XIVe de Londres de couleur rose (n° 348, planche 16)...