Dans les réalisations de l'été 2008, la tentative de reconstitution d'un costume mérovingien du début du VIe siècle pour une femme a demandé la teinture de tissu de laine en rouge garance. Le tissu pesant 2,5 kg sec a necessité pour la teinture 500 g d'alun et 150 grammes de tartre. Les racines de garance (Rubia tinctoria) réduites en poudres ont d'abord fermentées pendant une semaine dans de l'eau à 30 degrés. Le drap, lavé au savon de Marseille, a été mordancé en une journée avec l'alun et le tartre. Le lendemain, la teinture a eu lieu avec 2,5 kg de poudre de racines de garance. La cuisson, en dessous de 80 degrés, a duré 4 heures et le tissu pesait 27 kg une fois chargé d'eau. L'eau était à un pH de 8, 5 (addition de calcaire sous la forme d'os de seiche broyés). Après teinture et refroidissement, le drap a été ébouillanté dans une eau dans lequel avait infusé du son de blé; dernier bain, la tissu a été chauffé jusqu'à ébullition avec des paillettes de savon de Marseille pour aviver la couleur et faire disparaître les colorants instables et jaunes présents dans les racines de garance et ne garder que les rouges qui ont fait sa célébrité...Comme vous le voyez sur la photographie, c'est le rinçage qui a demandé le plus de travail: après avoir testé le jet au tuyau d'arrosage et inondé mon jardin d'un jus violacé, j'ai dû compléter le rinçage par un rinçage en rivière....Le tissu a ensuite séché à l'ombre:
Voici le costume mérovingien reconstitué avec ce tissu: il s'agit d'un manteau-robe de femme doublé de lin et porté sur une chemise de lin. La fermeture s'opère grâce à la ceinture réalisée selon la technique du tissage aux plaquettes (50 plaquettes) et deux paires de fibules (deux fibules en S au col, deux fibules ansées digitées sous la ceinture). Il ne s'agit que d'une proposition de reconstitution car nous ne possédons pour la période du VIe siècle aucun exemple dans l'iconographie de costume féminin. La position récurrente des fibules dans les tombes (pratique de l'inhumation habillée) permet d'imaginer la forme générale du vêtement...le reste n'est que supposition en fonction de nos connaissances sur le textile et la couture à l'époque...On dira en plaisantant que ce costume est "archéo-compatible"...